On a tous rêvé un jour de se réveiller un beau matin avec des super-pouvoirs. Les plus poètes s'imaginent voler dans les airs quand les plus terre à terre se voient dotés d'une force surhumaine. Les plus mesquins envisagent déjà ce qu'ils feraient avec la télépathie tandis que les plus altruistes utiliseraient plutôt un pouvoir de guérison pour faire le bien autour d'eux. Bref, davantage que de simples rêveries innocentes, ces aspirations mettent en lumière les penchants de l'âme. C'est d'ailleurs sur ce créneau que la série des inFAMOUS a fait son beurre. Le principe est simple, on vous donne des pouvoirs extraordinaires et vous êtes libre de les utiliser pour faire le bien ou pour plonger le monde dans le chaos.
Vous connaissez la rengaine : «un grand pouvoir implique de grandes responsabilités». C'est peut-être la fameuse maxime de tonton Parker qui a inspiré les équipes de développement de Sucker Punch pour concevoir la licence inFAMOUS. Les créateurs des Sly Racoon avaient en effet signé leur arrivée sur PS3 avec un jeu de super-héros qui mettait le joueur face à ses responsabilités. Les deux premiers opus nous ont permis de faire la connaissance de Cole MacGrath, un simple coursier qui, du jour au lendemain, s'est transformé en véritable générateur électrique sur pattes. Son destin était entre vos mains, il ne tenait qu'à vous d'en faire un sauveur ou au contraire une malédiction. C'est sans surprise plus ou moins la même recette que l'on retrouve avec inFAMOUS : Second Son. La série change de héros en débarquant sur PS4, mais on retrouve toujours le même cocktail mêlant environnement ouvert, super-pouvoirs et choix moraux.
Il suffit parfois d'une rencontre...
Ce volet PS4 nous entraîne sept ans après l'apparition des porteurs, ces individus qui se découvrent dotés de pouvoirs surhumains. Ces mutations sont forcément vues d'un mauvais œil par les autorités qui redoutent de perdre le contrôle de la situation. Le DUP a justement été mis en place pour gérer cette «menace bioterroriste». L'organisme est dirigé d'une main de fer par une certaine Augustine Brooke, un porteur particulièrement puissant capable de plier le béton à sa volonté. On fait sa connaissance dans de tristes circonstances dès le début du jeu. Des prisonniers du DUP se sont fait la malle et l'un d'entre eux a le malheur de croiser la route de Delsin Rowe, un jeune Amérindien au tempérament plutôt rebelle. C'est en entrant en contact avec ce porteur pouvant manipuler la fumée que Delsin absorbe son pouvoir. Le voilà devenu malgré lui la cible du DUP et Augustine ne va pas hésiter à torturer tous les membres de sa tribu dans l'espoir de leur soutirer des informations. Histoire de sauver ses proches, il n'a pas d'autre choix que de partir avec son frère Reggie en direction de Seattle pour mettre la main sur Augustine.
Un rejeton plein de potentiel
Vous l'avez certainement déjà compris, là où les autres porteurs ont la capacité de manipuler un élément en particulier, le pouvoir de Delsin est de s'accaparer celui des autres. Un peu à la manière d'un Peter Petrelli ou d'un Mimic, il se retrouve donc avec un potentiel incroyable entre les mains. Si le premier fuyard lui a donné la maîtrise de la fumée, sa croisade contre le DUP va l'amener à croiser deux autres porteurs qui lui permettront d'apprendre des pouvoirs liés à l'usage du néon et de la vidéo. On retrouve généralement les mêmes réflexes en termes de maniabilité : les gâchettes permettent de viser, de tirer des salves simples, des roquettes ou des simili-grenades, le rond est dédié au dash, le carré à l'attaque au corps-à-corps et enfin le pavé tactile permet de faire le plein de matière première pour faire fonctionner les pouvoirs. La prise en main est donc immédiate et pourtant chaque pouvoir est lié à un gameplay bien spécifique. La fumée est plutôt associée à une approche brute de décoffrage : elle donne accès à des projectiles bien puissants et permet de faire tousser les ennemis pour ensuite les avoiner copieusement. Le néon est plutôt porté sur les affrontements à distance et sur la mobilité, tandis que la vidéo permet d'opter pour une approche plus originale faite de feintes et d'envolées lyriques... Vos pouvoirs ne sont bien entendu pas figés, et l'arbre de compétences qui vous permet de les faire évoluer est intimement lié à vos bonnes et mauvaises actions.
La vie est toujours une question de choix
Ceux qui ont déjà touché aux deux premiers épisodes de la série ne seront pas surpris en apprenant que le système de karma est de retour et qu'il a une influence directe sur votre progression. Pour faire simple, le fait d'accomplir de bonnes actions fera pencher la balance pour faire de vous un héros tandis que vos actes les plus vils vous rapprocheront de plus en plus du statut d'ennemi public numéro un. Cela va se manifester par quelques choix tout au long de l'aventure, mais la plupart du temps il s'agira de laisser la vie sauve à ses ennemis ou au contraire de faire preuve d'une violence gratuite vis-à-vis des passants. Agresser un musicien de rue vous vaudra par exemple d'être mal vu tandis que le fait de limiter le trafic de drogue sans pour autant éliminer froidement les dealers vous rapportera quelques bons points. Cinq grades viennent jalonner votre progression morale, plus vous avancez d'un côté ou de l'autre, plus vous débloquez de nouvelles capacités dans l'arbre de compétences qui vont naturellement influer sur votre façon de jouer. Un véritable héros pourra se soigner plus facilement et il aura la possibilité de mettre ses ennemis hors d'état de nuire sans pour autant les blesser, d'un autre côté la pourriture la plus infâme sera mortellement plus puissante. Le fait d'enchaîner les bonnes ou les mauvaises actions permet aussi de remplir une jauge qui donne accès à des attaques proprement dévastatrices et joliment mises en scène. Enfin, vous vous en doutez, mais ces choix vous amènent aussi doucement à deux fins assez différentes et influent plus globalement sur le comportement de la population envers Delsin : d'un côté il sera célébré partout où il ira, de l'autre les passants n'hésiteront pas à lui tomber dessus à bras raccourcis.
Un bien joli fiston
On ne va pas se le cacher, si inFAMOUS : Second Son est attendu au tournant c'est en grande partie parce qu'il s'agit du premier jeu open world développé en exclusivité pour la PS4. On ne peut donc pas faire l'impasse sur les considérations d'ordre technique, et la première remarque qui vient à l'esprit concerne évidemment le rendu visuel. C'est beau, c'est propre et, pour ne rien gâcher, c'est franchement inspiré. L'aliasing qui plombait un peu les deux premiers épisodes a totalement disparu et la profondeur de champ est assez spectaculaire. Les décors sont sublimes, la gestion des particules est soignée et les animations rendent honneur au dynamisme du gameplay. C'est en effet en utilisant les pouvoirs de Delsin qu'on se rend le mieux compte du boulot effectué : lorsqu'il utilise la fumée, le néon ou la vidéo, on a droit à de jolis effets qui viennent donner un véritable cachet à chacun de ces pouvoirs. L'aspect graphique ne se résume pas à une question technique et, heureusement, la dimension artistique n'est pas en reste. Delsin n'est pas seulement un super-héros en herbe, c'est aussi un graffeur engagé et corrosif un peu à la manière d'un Banksy. Vous aurez donc la possibilité de recouvrir la ville de Seattle de peintures murales toutes plus originales les unes que les autres. C'est un pari réussi pour inFAMOUS : Second Son qui parvient vraiment à nous mettre dans les bottes d'un artiste.
«C'est un peu court, jeune homme !»
Si pour l'instant le jeu flirte avec le sans-faute, il faut toutefois bien reconnaître qu'il pèche sur un point en particulier : sa durée de vie. On attend assez logiquement d'un open world qu'il encourage l'exploration et qu'il nous propose une foule de missions annexes. Ici vous pourrez bien exploser les caméras de surveillance et les postes de contrôle mobiles du DUP pour libérer un à un les quartiers mais il s'agit finalement de tâches plutôt répétitives et on en fait assez vite le tour. On fait le même constat concernant les missions principales qui ont tendance à se ressembler et à s'enchaîner sans jamais trop nous surprendre. C'est bien simple, vous pouvez parcourir l'aventure d'une traite en une dizaine d'heures et il ne vous faudra pas plus d'une quinzaine d'heures pour terminer le jeu à 100%. Certes, on a toujours la possibilité de relancer une deuxième partie pour explorer les deux facettes du karma, mais dans l'ensemble on a tout de même l'impression d'avoir affaire à un contenu un peu limité. Cette petite déception sera peut-être un peu moins violente pour ceux qui ont précommandé le jeu et qui auront accès à un DLC exclusif leur permettant d'en apprendre un peu plus sur le destin de Cole MacGrath. De la même manière, on apprécie le geste qui consiste à proposer du contenu gratuit au compte-gouttes avec une mission bonus intitulée Paper Trail qui va petit à petit s'étoffer au fil des prochaines semaines. Malgré cette bonne volonté, on reste tout de même sur sa faim et on aurait aimé s'amuser encore plus longtemps avec les fabuleux pouvoirs de Delsin.
inFAMOUS : Second Son Gaming Live
Gaming Live : inFAMOUS : Second Son : Un fiston plutôt turbulent
Bande-annonce : inFAMOUS : Second Son : La presse étrangère aime le jeu
Extrait : inFAMOUS : Second Son : 8 minutes de gameplay
Points forts
- Des pouvoirs vraiment jouissifs
- Graphiquement au poil
- De bonnes idées de gameplay
Points faibles
- Un peu trop court et assez répétitif
Ne vous trompez pas, inFAMOUS : Second Son est bien le jeu jouissif et dynamique qu'on nous avait promis. Le titre profite pleinement des capacités de la PS4 pour nous en mettre plein les yeux. Son gameplay est intuitif et confère une véritable impression de puissance au joueur qui tient le pad. La seule ombre au tableau tient à sa durée de vie un poil maigrichonne. On s'amuse tellement à contrôler Delsin qu'on aurait aimé que cette découverte de Seattle sous adrénaline dure un peu plus longtemps.
Note de la rédaction
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